mercredi 4 septembre 2013

Quand la voix des femmes s’amplifie pendant les élections

Cet été, l’Afrique de l’Ouest a été le théâtre du changement véritable qui prend son essor. Les élections pacifiques du Mali semblent témoigner d’un retour vers un régime démocratique, une étape importante sur la voie de la reconstruction du pays. Depuis le coup d’état du début de l’année 2012, plusieurs évènements ont chambardé le leadership du Mali. D’abord, la reprise des conflits entre les rebelles Touaregs et les forces gouvernementales et, ultimement, l’occupation des territoires du nord par plusieurs groupes armés radicaux.

Le coup d’état et la rébellion ont eu des impacts sévères sur tous les Maliens, mais les femmes ont été plus durement touchées encore. Dans quelques cas, la charia a été imposée et les femmes se sont vues privées de leurs droits et forcées de se couvrir de la tête aux pieds. Il y eut une recrudescence des mariages forcés, plusieurs femmes ont été déplacées et les rapports de viols et de brutalité ont abondés. Pour ces femmes, et plusieurs autres au Mali, les élections de cet été évoquent l’espoir et un retour à la stabilité.

Photo: Melissa Belisle
Les candidats politiques reconnaissent de plus en plus l’importance d’aborder les problématiques touchant les femmes pendant leur campagne électorale. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs fait la promotion de l’importance de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes. Certains ont même fait l’annonce de propositions telles que l’amélioration du positionnement des femmes dans la gouvernance et la création de fonds spécifiques pour elles. 

Pour plusieurs, Haidara Aissata Cissé personnifie la représentation croissante des femmes en politique et un avenir prometteur pour les femmes du pays. Quoiqu’étant la seule femme à s’être présentée aux élections présidentielles de 2013, et uniquement la deuxième Malienne à ne jamais s’être présentée pour cette position (Sidibé Aminata Diallo s’est présentée en 2007), sa participation à elle seule laisse sous-entendre que l’accès des femmes à la politique gagne du terrain. Malgré le fait que son soutien aux urnes a été éclipsé par l’écrasante victoire présidentielle d’Ibrahim Boubacar Keïta le 11 août dernier, sa vision concernant le rôle des femmes dans le développement du Mali gagne de l’ampleur et ravive le dialogue sur les problématiques qui touchent les femmes au Mali.

Quoique les élections togolaises du 25 juillet aient été dépourvues de candidates féminines à la présidence, un taux sans précédent de 13 % de tous les candidats en lice était représenté par des femmes, ce qui constitue une augmentation de 3 % par rapport à leur taux de participation aux élections de 2007. Ces statistiques soulignent l’importance d’organismes comme notre partenaire GF2D, qui informe les Togolaises sur leurs droits légaux et les encourage à prendre part aux activités politiques.

Malgré la faible représentation de femmes en lice au Togo, les voix féminines telle que celle de la militante Fabbi Kouassi résonnent avec force. Dans un compte-rendu critique et non censuré à propos de la politique togolaise qu’elle a publié sur son blog, elle s’est courageusement lancée dans une croisade afin de rendre la politique équitable pour tous ; sans égard au genre ou à la classe sociale. « Je veux pouvoir regarder nos enfants dans les yeux et leur dire que nous nous sommes battues pour une cause qui en valait la peine, » dit-elle.


Ces voix de femmes qui se font entendre avec force et clarté témoignent de l’importance d’investir dans l’avenir des filles et des femmes. À mesure que leur nombre augmente, leur impact en fera tout autant, créant une incidence durable pour les générations à venir. 

lundi 22 avril 2013

Nos bénévoles et carrefouristes font une vraie différence – nous ne pourrions y arriver sans vous!


Cette semaine, quatre torréfacteurs canadiens se rendront en Bolivie afin de visiter COAINE, une coopérative bolivienne qui soutient 180 familles caféicultrices. Il s’agit d’un heureux hasard puisqu’ils seront en visite pendant la Semaine  de l’action bénévole (du 21 au 27 avril) et que cette initiative n’aurait pu voir le jour sans le bon travail des bénévoles et volontaires internationaux de Carrefour.

Tout a débuté en 2006 lorsque l’un de nos carrefouristes a entamé un mandat au sein de l’entreprise de micro finance FONCRESOL. En six mois seulement, il a contribué à l’élaboration d’un guide de certification en commerce équitable et à l’estimation des besoins de financement pour les  familles désireuses de cultiver et de vendre le café. Suite à ces grandes réalisations, un nouveau type de prêt, le prêt équitable, a vu le jour chez FONCRESOL. Le prêt équitable est offert aux caféiculteurs boliviens des régions rurales, groupe dont plus de 80 pour cent vivent sous le seuil de la pauvreté. Ce prêt leur permet d’augmenter leur production de café et affecte directement d’autres aspects de leur vie – ils peuvent envoyer leurs enfants à l’école, ils ont un meilleur accès aux soins de santé, à l’eau potable, aux services de communication et au réseau de transport, même dans les régions éloignées.

En s’appuyant sur ce premier succès de carrefouriste, les volontaires de Carrefour ont œuvré à ouvrir le marché canadien du café aux producteurs internationaux. En 2011, Mario Condori, caféiculteur et dirigeant de COAINE, est venu au Canada afin de rencontrer des acheteurs potentiels. Sa visite a porté fruit; à l’automne de cette année là, cinq ententes avaient déjà été signées avec des torréfacteurs canadiens qui se sont engagés à se procurer du café bolivien à un prix équitable. La concrétisation de cet accord a pris la forme de deux conteneurs de grains de café envoyés au Canada – plus de 30 000 kilos de café! Cette semaine, les quatre torréfacteurs canadiens visitant la Bolivie exploreront les différentes avenues afin de développer ou d’approfondir leurs relations avec les producteurs boliviens, dans l’espoir de pouvoir importer des grains de café au Canada en 2013. L’un de ces micro-torréfacteurs canadiens explorera également les possibilités de développer une coopérative d’importation avec COAINE à titre de fournisseur principal.

Voilà un excellent exemple du degré de sophistication que le modèle de coopération volontaire a atteint. Carrefour International désire faire une différence en orientant les habiletés de nos volontaires là où elles seront le plus profitables, et nos résultats stupéfiants témoignent du talent et de la compétence de tous nos carrefouristes. Cette formule obtient du succès dans les échanges Sud-Sud entre le Swaziland, le Ghana et le Zimbabwe, dans les échanges Nord-Sud comme la visite de Mario Condori au Canada, et dans les stages de nombreux carrefouristes canadiens chez nos partenaires à l’étranger.

Merci à l’Agence canadienne de développement international (ACDI) de soutenir les échanges de volontaires à l’étranger; au cours de la dernière année 101 volontaires ont participé à ces échanges internationaux basés sur le savoir et la compétence. Tous les carrefouristes ont apporté une contribution significative, que ce soit à l’étranger ou à la maison. Nous avons une équipe formidable de bénévoles dévoués ayant dédié un nombre infini d’heures au soutien de nos programmes, tant par la formation des volontaires, le fait d’être famille d’accueil ou par leur contribution aux levées de fonds. Cette année, nos bénévoles et carrefouristes ont amassé des fonds afin de faire progresser les droits des femmes et des filles en organisant des événements et enligne pour les campagnes de la Journée internationale de la femme et du Club à Club. Grâce à leur contribution, une quinzaine de clubs d’autonomisation pour les filles additionnels seront inaugurés au Swaziland cette année. Qui plus est, le conseil d’administration et les comités de Carrefour International orientent judicieusement notre travail et merci à nos bénévoles et stagiaires nous permettent de concrétiser le tout au quotidien.

Je désire remercier tous nos bénévoles et carrefouristes, d’hier et d’aujourd’hui, ici au Canada et à l’étranger, pour tous leurs efforts; notre travail ne serait pas possible sans vous. Sachez que nous nous valorisons toutes vos contributions, quelles qu’elles soient. Au nom de toute l’équipe de Carrefour, merci! 

jeudi 28 mars 2013

Le Royaume-Uni s’implique dans le vrai changement alors que le Canada brasse les cartes


Le budget fédéral du Canada renfermait quelques surprises. Depuis plusieurs semaines, maintes discussions ont été tenues sur les moyens d’éliminer le déficit et de palier à la pénurie de compétences professionnelles. Cependant, pour ceux qui œuvrent en développement international, l’annonce que l’Agence canadienne de développement international (ACDI) deviendra une filiale du Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI) a frappé comme une onde de choc. Même les employés de l’ACDI ont révélé avoir appris la nouvelle la même journée que moi, par un tweet envoyé jeudi dernier par Evan Solomon de la SRC.

La nouvelle, si imprévue soit elle, n’est pas si mauvaise. Les ONGs canadiennes et les citoyens avertis ont longtemps revendiqué un ministère de premier plan pour la coopération internationale. Avec ce budget, notre souhait a été exaucé. Mais à quel prix? Le gouvernement dit que sa décision reflète « l’interrelation accrue entre notre politique étrangère, le développement et nos objectifs commerciaux ». Depuis plusieurs années, les gouvernements canadiens, les libéraux comme les conservateurs, ont tous proclamé la nécessité d’une plus grande cohérence au sein de la politique étrangère du Canada. Est-ce que l’absorption de l’ACDI par le MAECI marque le trépas d’un point de mire visant clairement l’éradication de la pauvreté? Est-ce que cet amalgame résultera en un programme de développement plus centré sur les intérêts de la politique étrangère canadienne et du commerce international?

Pas nécessairement. Carrefour soutien également les partenariats public-privé en mettant à profit les compétences de citoyens canadiens, et par des partenariats avec des acteurs du secteur privé. Cette année seulement, les torréfacteurs canadiens soutiendront plus de 180 familles caféicultrices boliviennes afin qu’ils puissent accéder au marché canadien. Le partenariat est avantageux pour toutes les parties prenantes, certes, mais le centre d’intérêt est d’offrir de réelles opportunités commerciales aux producteurs boliviens. Impliquer des acteurs du secteur privé peut s’avérer efficace, et oui, il y a des avantages pour les canadiens, mais en ce qui concerne mon fond de développement, je veux qu’il serve à ceux qui en ont le plus besoin.

Avec le déclin du soutien financier du Canada pour le développement, les estimations actuelles étant d’à peine 0,25 pour cent de notre produit national brute (PNB), nous devrions nous inspirer du Royaume-Uni. Ils ont démontré un leadership hors pair cette semaine alors qu’ils ont annoncé qu’ils allouer 0,7 pour cent de leur PNB afin d’éradiquer la pauvreté. Voilà qui rend le Royaume-Uni le premier de tous les pays du G8 à atteindre un objectif globalement accepté par les nations riches et initialement proposé par le Premier Ministre canadien Lester Pearson dans les années 60. Ceci a été réalisé malgré la menace d’une terrible récession et dans un contexte d’austérité budgétaire. Le Royaume-Uni sait que le développement global mènera vers une économie plus équilibrée et résiliente, et déclenchera un effet domino de progrès en santé, en éducation, en sécurité et en gouvernance.

Le Canada a déjà été chef de file en développement global; souvenez-vous, en 2008 lorsque notre gouvernement a été félicité pour ses efforts visant à délier l’entraide? Ça prenait du leadership. On a mis les besoins et les intérêts des pauvres à l’avant-plan. C’est le genre de leadership dont nous avons besoin. Notre argent a contribué à stimuler le développement économique afin que les gens puissent nourrir leur famille et envoyer leurs enfants à l’école. Des vies ont été sauvées grâce à un meilleur accès aux soins de santé. Cela a permis la capacitation des femmes, l’avancée des droits fondamentaux et a contribué à la bonne gouvernance partout autour du globe. Tout cela a fait une réelle différence dans des millions de vies et il est essentiel que notre stratégie à long terme, en ce qui concerne les fonds de développement, ne soit pas supplantée par des intérêts commerciaux et diplomatiques. En dépit des intérêts économiques domestiques, cet argent devrait être dédié à éradiquer l’extrême pauvreté, et nous ne pouvons perdre de vue cet objectif. Nous devons arrêter de brasser les cartes et commencer à induire de vrais changements.